jeudi 15 mars 2012

Bagne de Guyane : peut-il y avoir une esthétique du bagne ?

De même que pour les portraits, j'ai toujours privilégié l'utilisation de la lumière intérieure de faible intensité. Pour moi, ce sont les plus beaux moments. En effet dans ces situations-là, la lumière douce souligne la richesse des détails, épouse le sujet dans sa totalité et lui fait comme une peau.

Curieusement alors, elle ne semble plus venir de l'extérieur, comme un ajout, mais elle émane et irradie du sujet lui-même, qui prend corps et vie. L'observation, la préparation et le temps de pose — généralement long — font de ce moment l'expression d'un état tout aussi intérieur qui, paradoxalement, me conduisent à une forme d'oubli de soi et de plénitude.


Si, généralement, une photographie doit se suffire à elle-même, il me paraît parfois nécessaire et judicieux de "l'appareiller". Elle répond ainsi à une autre image dans un système homogène, bien que contradictoire. La perspective n'étant plus respectée, l'œil se cherche dans ce qu'il perçoit de commun et que l'esprit lui dicte pourtant comme "une apparence inexacte".


En créant un va-et-vient entre les images, ce nouvel "espace photographique" devient une "matrice du temps" et la mémoire, me semble-t-il, s'impose à la situation révélée. Certes, l'œil guide le photographe (ou celui qui découvre la photographie) mais chacun voit tout autant avec son propre imaginaire, avec les images mentales de son cerveau — celles qu'il a inconsciemment enregistrées.

En errance dans ces vestiges du bagne, je portais en moi (sans chercher à me l'expliquer) les images de "Mort à Venise" de Visconti lorsqu'Aschenbach découvre dans ses cauchemars la ville suintante et balafrée de chaux sur laquelle pèse la menace de l'épidémie de choléra... La beauté confrontée à l'impossible de la création, et à la mort.

=> Photos extraites du livre "Bagne" (Jean-Luc de Laguarigue/Patrick Chamoiseau, éd. Gang 2011)

lundi 12 mars 2012

Glissant-Monde

Édouard Glissant a marqué de son empreinte la deuxième moitié du siècle en pensant la complexité du monde contemporain en terme de Relation.

Il rêvait d'un monde régi par une pensée archipélique qui "en emprunte l'ambigu, le fragile, le dérivé", voire le détour. Glissant a pensé notre monde en poète. Ce qu'il appelait "l'intraitable beauté du monde".

Dans son dernier numéro, la revue Africultures lui rend hommage.


Pour commander Africultures N°87, c'est ici
ISBN : 978-2-296-54685-1 • mars 2012 • 168 pages