lundi 25 janvier 2010

Les merveilleux vieux timbres de la Martinique

“C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants…
(Arthur Rimbaud)


Village de Basse-Pointe 1,40 F

Dans le tiroir de mon vieux buffet, j'ai trouvé par chance une série de timbres oubliés dans une enveloppe. Ils datent probablement des années quarante ou cinquante.


Martiniquaises 65 centimes

Bien que le sujet n'ait aucun rapport avec la photographie, il s'agit tout de même de la Martinique et je trouve intéressant de présenter mon pays sous cette forme graphique et historique.


Village de Basse-Pointe 22 centimes

Je reste persuadé qu'il est important de conserver ces preuves de notre existence — souvenirs auxquels nous accordons une valeur émotionnelle et sentimentale — et de les partager, même si elles peuvent paraître insignifiantes.


À gauche, Martinique 5 centimes
À droite en haut, Palais du Gouvernement 1 franc
À droite en bas, Martinique 2,50 F


vendredi 22 janvier 2010

Foudres Édouard Glissant


Le plus vieux chai de vieillissement de l'habitation Saint-Étienne a été transformé en salle dédiée à des expositions et à des événements culturels. Baptisée "Foudres Édouard Glissant, elle a été inaugurée aujourd'hui en présence du poète et écrivain.


José Hayot s'est adressé à Édouard Glissant en ces termes :

Cher Édouard, Mesdames et Messieurs,

La circonstance qui nous unit aujourd’hui n’est pas du domaine de l’ordinaire ni du quotidien car si, mon cher Édouard Glissant, tu t’es souvent rendu dans ces lieux à titre amical, ta présence aujourd’hui revêt un caractère fortement symbolique.

Traversée par la rivière Lézarde, l’habitation Saint-Étienne est à mi-chemin entre le morne Bezaudin qui te vit naître, et le Lamentin où tu grandis quelques années plus tard. Au moment de la descente vers la plaine, ta mère qui te portait dans ses bras, a certainement dû traverser ces lieux, entre ces vieux arbres qui ont beaucoup vécu et qui rayonnent, comme tu l’as si bien écrit, de “mystère et de magie”.

Quand, il y a 16 ans, avec Florette et l’ensemble de nos collaborateurs, nous nous sommes attachés à relancer la marque Saint-Étienne et à restaurer l’ancienne habitation alors à l’abandon, nous étions conscients de la lourde charge émotionnelle qui pesait sur ces lieux.

Pour beaucoup d’entre nous, ces lieux conservent les souvenirs d’un passé douloureux. Pourtant, il nous est apparu qu’en ces mêmes lieux, sur ces anciennes fondations, pouvait s’écrire une histoire nouvelle. Nous croyons que le passé n’est pas donné une fois pour toute, qu’il se nourrit du présent, qu’il se transforme avec lui, et que c’est dans cette évolution constante qu’il nous offre du futur.

Dès le début, nous avons ouvert les portes de Saint-Étienne aux arts, à la poésie et à la musique. Aujourd’hui, c’est ce chai qui est l’un des plus anciens témoins de l’histoire de cette habitation, mémoire de pierre et de fermentations, que nous dédions aux artistes et aux créateurs. Création de ce qu’il peut exister de plus subtil, de plus inattendu, de plus élégant dans un rhum quand il est réussi.

Néanmoins, un tel lieu ne pouvait pas s’envisager en dehors de quelque chose qui lui donnerait une âme, qui l’habiterait d’une haute intention. C’est pourquoi nous avons tenu à t’accueillir ici, cher Édouard. Et c’est pour nous tous, un immense honneur que tu aies accepté que ce lieu porte ton nom.

De Terre Rouge, de Tracée, de Deux-Terres, de Bois-d’Inde, de Bois Lézard, de Dumaine, de Glottin, du Morne Calvaire, du Morne des Olives, du Gros Morne, de Marigot, de Trinité, de Sainte-Marie, du Morne des Esses, du Robert, du Fonds Saint Denis, de Saint Joseph… nous sommes tous là, venus partager avec toi ce moment où un lieu de mémoire se dote d’une belle âme et d’une grande exigence.

Nous sommes aussi venus pour te remercier de tout ce que tu as fait pour la Martinique et pour notre compréhension du monde .

Alors, cher Édouard, je sais que ce qu’il y a de plus difficile, c’est bien de rendre hommage à quelqu’un qui n’aime pas les hommages. De faire honneur à quelqu'un qui n’aime pas les honneurs. Je ne prendrai donc pas ce risque.

Mais te dirai simplement, au nom de tous ceux qui travaillent ici, au nom de Florette, au nom de nos enfants qui malheureusement n’ont pu être là aujourd’hui, merci, et que ton nom sur ces vieux foudres, mon cher Édouard, nous inspire le plus beau des nectars.

Édouard Glissant a répondu à José Hayot par un discours improvisé, empreint d'une très grande émotion…


Pose de la plaque à l'extérieur du bâtiment :


De nombreux artistes étaient présents dont Patrick Chamoiseau, fidèle ami d'Édouard Glissant :




lundi 18 janvier 2010

L'art d'être un homme


Cet ouvrage constitue une exploration originale des identités masculines : les bijoux, les vêtements et les emblèmes, de même que la statuaire représentant des personnages avec des parures, traduisent les codes du paraître. L’iconographie (qui inclut l'une de mes photos) très riche de ce livre s’appuie tant sur des œuvres exceptionnelles appartenant à de grands musées ou à des collections privées que sur des documents, gravures, dessins et photographies évoquant les contextes dans lesquels les arts de la parure se sont développés.

Défier les règles du paraître jusqu’à la parodie est une tradition aux Antilles, tradition qui se perpétue en période de carnaval : des groupes de travestis forment un cortège nuptial où les sexes se trouvent inversés. Les rapports ambivalents du féminin et du masculin dans cet espace théâtralisé qu’est le carnaval sont finement analysés par Ina Césaire.

Une publication du Musée Dapper (328 pages, format 24 cm x32 cm, 32 euros)

Les auteurs :
• Christianne Falgayrette-Leveau, directeur du Musée Dapper, spécialiste des arts et des littératures de l’Afrique subsaharienne.
• Anne Van Cutsem-Vanderstraete, historienne de l’art.
• Alfred Adler, spécialiste du Cameroum et du Tchad.
• Gilles Bounoure, critique d’Art.
• Ina Césaire, docteur en ethnologie et spécialiste de la littérature orale antillaise.
• Alain Mabanckou, écrivain et professeur de littérature francophone à l’université de Californie, prix Renaudot en 2006 pour son roman Mémoires de porc-épic (Éditions du Seuil).


mercredi 13 janvier 2010

La France d'outre-mer


Un an après la grève qui a paralysé la Guadeloupe mais touché aussi la Martinique, la Guyane et la Réunion, “Le Monde 2” publie un hors-série sur la France d'outre-mer.

Aimé Césaire fit un jour la réponse suivante à une question de Françoise Vergès : “Liberté, égalité, fraternité, prônez toujours ces valeurs, mais tôt ou tard, vous verrez apparaître le problème de l’identité. Où est la fraternité ? Pourquoi ne l’a-t-on jamais connue ? Précisément parce que la France n’a jamais compris le problème de l’identité.”
Outre-mer, le problème ce n’est pas l’identité nationale, c’est l’identité tout court. Pour tenter d’approcher cette identité ultra-marine faite de mémoire, de créolité et aussi de révolte, nous avons laissé la parole à Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant, Françoise Vergès mais aussi Jacob Devarrieux ou Audrey Pulvar.

(Extrait de l'avant-propos de Michel Lefebvre, couverture de Alexis Peskine)

Richement illustré et documenté, ce hors-série propose également deux portfolios, l’un de Denise Colomb (chargée en 1948 par Aimé Césaire d’une mission ethnographique aux Antilles) et l'autre de portraits en noir et blanc et couleur que j'ai réalisés il y a quelques années, dont deux inédits.